L’Écomusée de Juillé répond aux interpellations déclenchées par l’article que nous avons consacré à sa louve, aux recherches menées sur son ADN et à la présence du loup dans le Montmorillonnais.
Article publié le 29/082019 dans la Nouvelle République
L’article que nous avons consacré
le samedi 17 août aux recherches sur l’ADN de la louve de l’Écomusée de
Juillé et à l’histoire du loup dans le Montmorillonnais, a déclenché
des réactions en série.
« Elles émanent surtout de groupements d’éleveurs ovins de la
Vienne, mais aussi de l’Aveyron et de l’Aubrac, ce qui confirme la
sensibilité de tous les éleveurs des régions ovines à l’évocation du
loup et, pis encore, à celle de son retour, car il est en effet un
prédateur des moutons », expliquent Monique Gésan et Gilbert Wolf, coprésidents de l’Écomusée.
Aussi entendent-ils couper court à toute polémique : « Le
Montmorillonnais est aujourd’hui une grande région ovine et cet élevage
de plein air s’est développé à partir des années 1930, précisément à la
suite à la disparition du loup effective depuis 1920-1922. Pour avoir
étudié l’histoire de l’agriculture locale et enquêté auprès de nombreux
éleveurs et des acteurs de la filière ovine, l’écomusée connaît
l’importance économique de l’élevage ovin pour le Montmorillonnais et la
qualité de sa production… Il ne souhaite pas le retour du loup ! »
Alors que le débat sur « les attaques possibles du loup contre les hommes » refait surface, Monique Gésan et Gilbert Wolf précisent néanmoins que « les
archives font état de rares loups prédateurs : 46 cas dans le
département de la Vienne entre 1262 et 1918, selon l’historien Jean-Marc
Moriceau ». Les victimes, soulignent-ils, « étaient des
bergers, enfants ou femmes, qui conduisaient les troupeaux dans les
brandes et les bois et qui pénétraient à proximité des tanières et des
louveteaux. On sait que tous les animaux défendent leur territoire et
leurs petits… Tout autre est le cas des loups enragés qui se précipitent
pour mordre les autres animaux et tous les passants, hommes ou femmes,
riches ou pauvres… La rage a disparu en France, mais elle sévit encore
dans d’autres régions du monde ».
Les coprésidents de l’Écomusée de Juillé soulignent que pour l’historien Jean-Marc Moriceau « l’attaque
des loups contre les hommes, du Moyen Age au XIXe siècle, est une
révélation du mode d’occupation et de gestion de l’espace et des
activités agropastorales ». Or, poursuivent-ils, « depuis cette
époque lointaine, le milieu a bien changé. La brande, territoire de
prédilection des loups, a été défrichée et les agriculteurs sont en
mesure de se défendre ».
En revanche, « les risques d’attaques du loup contre les moutons sont bien réels », rappellent-ils. D’où les inquiétudes qui se sont fortement exprimées sur les réseaux sociaux.
L’Écomusée du Montmorillonnais est ouvert du mercredi
au dimanche de 14 h 30 à 18 h 30 jusqu’au 15 septembre, et du
16 septembre au 6 octobre le mercredi, samedi et dimanche de 15 h à
18 h.